1. Introduction
De nos jours, on parle beaucoup de la violence contre les femmes (qui toucherait environ une femme sur cinq !) (1/10 dans l’année, 4/10 durant leur existence) (1) et donc, à juste titre, il faut condamner cette violence qui est reconnue pour être surtout physique, pouvant aboutir dans certains cas dramatiques au meurtre. Cette violence est tout à fait condamnable et nécessite une prise en charge rapide (2) même s’il faut, dans certains cas du moins, tenir compte de circonstances atténuantes liées à des comportements de provocation (3), compte tenu que tout homme ne peut posséder un sang-froid suffisant ! Nous passerons, par ailleurs et seulement pour mémoire, la notion de violence physique entre les hommes qui serait selon nos statistiques nationales retrouvée à raison d’un homme sur quarante environ (4) !
Le but de cet article est de mettre en évidence une autre forme de violence, pas nécessairement moins grave dans ses conséquences : il s’agit d’une violence psychologique, liée au phénomène d’aliénation parentale. L’aliénation parentale est un concept apparu dans la seconde moitié du XXème siècle, période pendant laquelle les conflits conjugaux sont devenus de plus en plus fréquents, sans doute liés à une évolution de la société où l’égocentrisme est devenu un leitmotiv renforcé par des idées sociales de recherche du bien-être à tout prix et sans doute, par des mesures légales de protection de la femme, toujours considérée comme sexe faible et particulièrement, fragile lors de la séparation d’un couple. Il n’empêche que les statistiques prouvent bien que l’aliénation parentale est réalisée dans 90% des cas par la mère, seulement dans 10 % des cas par le père. Tout en étant bien au courant de cette statistique, nous nous permettrons, à partir de maintenant et pour simplifier le texte, de considérer le cas de la mère aliénante et du père aliéné.
2. L’aliénation parentale : aspects passifs et actifs
· Actuellement, on recense annuellement en Belgique 30.000 divorces dont on considère que 20 % au moins sont manifestement conflictuels. 6.000 couples par an vont donc se déchirer devant les tribunaux et dans un bon nombre des cas, la mère va développer un comportement d’aliénation parentale consistant à utiliser la garde préférentielle des enfants, qui lui est d’office accordée pour imprégner, à longueur de journée, l(les)’enfant(s) d’informations plus fausses que vraies visant à dénigrer, noircir, salir le comportement de leur père et éventuellement de sa nouvelle compagne ou de ses ami(e)s. Ceci n’est pas sans conséquence car il est possible, par cette « technique de lavage de cerveau », de modifier la mémoire de l’enfant de sorte qu’il oublie définitivement les bons côtés de son père (5). Jusque là, le comportement de l’enfant peut être étiqueté de « passif » même si son attitude de dénigrement du père est active sur le plan psychologique.
· L’aliénation peut être non seulement passive mais également devenir active, ce qui est sans doute plus grave au niveau des conséquences psychologiques. Tout peut commencer lorsque la mère favorise que les enfants embrassent l’avocate qui défend ses intérêts. Certaines avocates n’ont d’ailleurs pas de retenue à ce sujet. Ensuite, on explique aux enfants que pour aider leur mère, il serait bon que lorsqu’ils voient leur père, ils ramènent soit du courrier, soit des factures, soit des numéros de code qui peuvent bien intéresser la mère pour faire des recherches et violer ainsi la vie privée du père par le courrier, les mails, voire également les facturations concernant carte de crédit, GSM… afin d’essayer d’obtenir des preuves permettant de gagner plus ou moins vite le divorce et dès lors, une manne juteuse d’argent…
Le problème, c’est que les enfants sont manifestement mêlés à cette recherche d’indices, et font bloc avec leur mère contre leur père qui apparaît dès lors de plus en plus négativement, voire comme un escroc, pour ne pas dire un salaud… ce qui reste cependant à prouver car tous les pères et loin s’en faut ne sont pas ceux qui s’en vont avec leur secrétaire blonde… Malheureusement, beaucoup de pères sont victimes d’une épouse qui recherche autre chose dans la vie mais qui ne se prive pas, grâce aux bons conseils donnés par les avocat(e)s, d’essayer de coincer le père dans un piège bien préparé à l’avance, dont l’aliénation parentale n’est finalement qu’un aspect (6).
Il s’agit ni plus, ni moins, d’un viol de la vie privée du père bien organisé par la mère avec l’aide des enfants… Ceux-ci sont aussi piégés, voire rendus insensibles à cette situation par les paroles de leur mère qui explique que tant que le divorce n’est pas prononcé, elle a tous les droits sur son mari… ! Fallacieuse interprétation de l’article 213 du Code Civil stipulant que jusqu’à la dissolution du mariage (même si les époux ont cessé de cohabiter !), les époux se doivent mutuellement assistance ! Mais on oublie évidemment de reprendre l’entièreté de cet article qui dit aussi : « le devoir d’assistance comprenant le devoir de respect mutuel » !
3. Conséquences psychologiques chez le père
Le père séparé par mesure judiciaire est donc secondarisé car il doit quitter le domicile conjugal, retrouver un logement et recommencer à vivre à partir de zéro… Cette secondarisation est d’autant plus difficile à vivre que le juge ne prévoit pas de mesure compensatoire à l’écartement du père du domicile conjugal. Ces mesures pourraient être un suivi du dossier avec vérification que le père est dans de bonnes conditions pour s’en sortir, dans ses nouvelles conditions de vie et entre autres, qu’il ne souffre pas d’une aliénation parentale et / ou de refus de droit de visite, situation où la mère a toujours la prépondérance car lorsqu’un père porte plainte de ce fait, il peut malheureusement être sûr dans 9 cas sur 10 que sa plainte prend une direction verticale dans les heures qui suivent son dépôt… et ceci est sans doute justifié par l’encombrement chronique des tribunaux… Il n’empêche que le père est très fragilisé dans cette vie de secondarisé et que de devenir aliéné par sa femme et ses enfants est évidemment la goutte qui fait déborder le vase au plan psychologique.
Il y a de quoi déprimer sérieusement, voire se suicider de manière violente ou non violente, à petit feu avec une drogue ou l’autre… Evidemment, quand on reçoit les enfants le week-end, il n’est pas facile non plus d’avoir une mine très souriante d’autant qu’on sent que les enfants arrivent comme des enfants espions ou pour le moins, sur de grandes réserves, déjà bien conditionnés à une vue négative du père durant la semaine passée chez la mère… Il n’est donc pas rare qu’il y ait de temps à autre des éclats de voix entre père et enfants lors de ces trop brèves visites qui ne permettent pas d’ailleurs de bien gérer ces situations délicates où le conflit père – mère finit par éclabousser les enfants. Ceux-ci ne comprennent pas de manière immédiate pourquoi leur père est de mauvaise humeur, se sentant abandonné de tous, voire violé ou tout simplement sacrifié par certains…
Tout ceci rend nécessaire un souci d’éviter la secondarisation en prévoyant la parallélisation du père par les juges, ce que nous proposons de longue date (7).
4. Complications psychologiques chez les enfants
En effet, l’aliénation parentale « bien guidée » par la mère finit évidemment par engendrer un certain conflit entre le père et les enfants : le père, s’étant rendu compte de tel ou tel comportement de viol d’informations dans sa vie privée, peut évidemment en vouloir à ses enfants de s’être laissés aller aux pratiques bien dirigées par leur mère et son avocate. Le père peut alors réagir tout simplement par l’abandon pur et simple de ses contacts avec les enfants. On dira alors qu’il s’agit d’un « lâcheur » ou d’un père qui abandonne facilement ses responsabilités. On oublie en fait là qu’il y a été quasiment forcé étant piégé dans l’aliénation parentale !
Quoiqu’il en soit, des dégâts psychologiques sont importants chez les enfants car ils voient ainsi disparaître toute relation possible avec leur père. Ils vont devoir, à l’avenir, vivre uniquement d’un amour maternel pour autant que celui-ci soit encore sincère…
Si d’aventure, le père se décarcasse pour ne pas subir la situation et essayer d’inverser la vapeur, s’il en parle aux enfants et leur demande d’exprimer clairement devant telle ou telle personne, voire devant un juge, ce qu’ils ont fait contre lui à la demande de leur mère. C’est à ce moment que la situation se corse car l’enfant répondra que dire la vérité, c’est (évidemment) témoigner contre leur mère !
Comme tout enfant bien né et apparemment bien honnête ne souhaite témoigner ni contre son père, ni contre sa mère, il est clair que dans ce cas de figure, on n’ira pas dire la vérité où que ce soit. Le dégât psychologique est alors évidemment énorme d’abord chez le père qui se sent totalement sacrifié sur l’autel de la vérité et ceci, au détriment de relation enfants – mère qui ne peut souffrir aucune entorse ? Mais pour les enfants, est-ce mieux ? En fait, on les oblige à abandonner leur père à sa quête de la vérité tout en sachant qu’il a raison mais qu’on ne peut satisfaire à son souhait de vérité ! Quelle torture psychologique cela doit être ! En fait, cela revient à assassiner psychologiquement son père parce que l’on ne sait plus faire autrement. Le piège de l’aliénation parentale qui s’est mis en route il y a quelques années se ferme alors sur les enfants et le père alors que la mère victorieuse se frotte les mains avec jubilation !
5. Conclusion
Dès lors, on se rend donc bien compte ici que l’aliénation parentale est un piège psychologique majeur pour lequel il n’y a pas de solution thérapeutique.
Une fois que l’aliénation parentale s’est bien installée, l’enfant et le père sont pris au piège et toute réaction devient impossible si ce n’est avec des dégâts psychologiques supplémentaires.
La seule bonne mesure est donc la prévention ou en tout cas, la détection précoce de la mise en route d’une aliénation par la mère.
Il est donc important que les avocats et les magistrats de nos tribunaux soient bien au courant de la gravité de ce comportement d’aliénation et l’empêchent tant que possible (8).
On devrait barrer à vie de l’ordre des avocats tout quiconque n’aurait pas diagnostiqué à temps une aliénation parentale et sûrement, tout quiconque l’aurait favorisée, qui plus est en utilisant ou en donnant des conseils pour utiliser des moyens illégaux tels que par exemple les écoutes téléphoniques ou les enregistrements de messagerie de GSM… !
Faut-il vraiment que le père soit comme le capitaine d’un navire naufragé, obligé de se laisser couler dans le naufrage de son couple même s’il n’y est pour rien ou pour pas grand-chose… ? Je ne veux évidemment pas défendre ici le cas de figure des pères qui quittent leur femme pour leur secrétaire blonde… mais encore une fois, il existe de nombreux autres cas de figures que l’on a tendance à assimiler à celui-ci et ceci, à grand tort. En effet, de nombreux pères sont ainsi victimes d’une ignorance, d’une tolérance, voire d’une incapacité de notre société actuelle à gérer ce phénomène d’aliénation parentale qui amène non seulement des pères au suicide mais aussi sûrement des enfants (9) car l’aliénation parentale est un « excellent » piège mortel comme une toile d’araignée pour la mouche ou comme ceux que les GI’s devaient éviter dans les forêts vietnamiennes, de telle sorte qu’un enfant est obligé de sacrifier son père s’il veut psychologiquement survivre !
Je ne sais à qui il faut transmettre ce message qui est un cri d’appel au secours concernant plusieurs milliers de pères et d’enfants chaque année en Belgique. J’ose espérer qu’en le transmettant à Mme le Ministre de la Justice, il sera entendu ! J’invite également toute personne qui se reconnaîtrait à travers cette description d’en faire de même afin d’alourdir le poids de cet article qui se veut une réflexion à tête bien reposée sur le sujet…
Au plus nous serons à défendre une nouvelle façon de prendre en charge le divorce conflictuel, au mieux nous y arriverons.
Dr JE. VANDERHEYDEN,
Médecin hospitalier
« Le juge ne rend pas la justice. Il applique la loi. Il punit et dédommage. C’est le parlement qui a le pouvoir de faire régner le droit au nom du Peuple. »
Charles de Gaulle
Références
1. Burge et al. - Am Fam Med. 2005 ;3 : 248.
2. Meunier P. et Ozgunes F. - Violence entre partenaires. - Lettres du Parquet n° 10, mai 2005, p.7 et suiv. (Belgique)
3. Vanderheyden JE - Frappe-moi, frappe-moi - Le Journal du Médecin, n° 1573 (27 02 2004) : p. 58.
4. Secrétariat d’Etat aux Familles (Belgique 2004 – chiffres de 1998) : en Belgique, en 1998, dans la tranche des 20 – 49 ans, une femme sur 7 et un homme sur 40 ont subi à un moment de leur vie des violences physiques ou sexuelles graves de la part de leur partenaire, plus d’autres violences verbales, psychologues et économiques… Ceci touchant tous les milieux socio-économiques et religieux et impliquant fréquemment les enfants…
5. Vanderheyden JE - La mémoire transformée. - Feuilles Familiales, Ed. J. Gérard, Namur (4° trimestre 2004) : p. 59 – 63.
6. Vanderheyden JE. - Le terrorisme familial : un nouveau jeu d’échec qui peut rapporter gros ! (in press)
7. Vanderheyden JE. - Secondariser un parent est un acte criminel ! (in press)
8. Van Gijseghem et Lamontagne P. - L’aliénation parentale. Comment intervenir ? (in press)
9. Dolto Françoise - La cause des enfants. Ed. Robert Laffont, Paris (1985)
Diffusion: http://www.garscontent.com/510_Octobre/09/05_10_01bis.htm